Nous, agents de la DGASD, tous métiers et services confondus, exprimons notre incapacité à exercer normalement nos missions, compte tenu de nos conditions de travail dégradées et de la mise en œuvre chaotique de la nouvelle organisation de la DGA-SD.
Nos alertes concernent à la fois :
- l’exercice de nos missions,
- les risques que nous prenons au regard de notre responsabilité professionnelle,
- l’impact que cette situation a sur notre santé et notre vie personnelle (augmentation du stress, augmentation de l’insécurité au travail).
Effectifs :
Un grand nombre d’équipes souffre de ne pas être à effectif complet. Les remplacements tardent à se mettre en place et un certain nombre de postes restent malgré tout vacants. Cette situation est intolérable, d’autant que la charge de travail des agents absents est supportée par ceux qui sont encore en poste.
Le remplacement de tout le monde par tout le monde continue. Par exemple : des ASS se voient encore sollicitées pour remplacer les éducateurs absents.
L’évaluation des besoins effectuée en amont n’a pas permis d’anticiper au plus juste la nécessaire création de postes. Le calcul des effectifs supplémentaires, dédiés à la réorganisation, ne correspond pas aux besoins réels. Par exemple les SDA expriment l’insuffisance du nombre de secrétaires et une charge de travail en augmentation.
Les nouvelles missions dédiées à certains métiers et la mécanique de territorialisation entraînent la nécessité d’une augmentation des effectifs qui a été largement sous-évaluée.
Enfin, la composition des équipes souffre d’un grave déséquilibre du fait d’un très grand nombre de contractuels.
Organisation :
La capacité des équipes à mener des actions de préventions (PMI par exemple) est entravée par le manque d’agents formés aux métiers cibles : médecins, puéricultrices, cadre santé. La pratique qui devait être corrigée par la réorganisation est toujours à l’œuvre : l’urgence écrase les missions de prévention.
Les pratiques de double hiérarchie continuent de rendre illisible les prises de décisions (équipes enfance et pmi particulièrement exposées).
Les conséquences des problèmes d’effectifs déstabilisent les organisations, elles-mêmes fragilisées par la réorganisation en cours.
Les procédures (quand elles existent) sont mal connues et hétérogènes dans leur application. L’exercice des missions est périlleux, désorganisé et générateur de stress excessif.
Notre isolement est important et en augmentation du fait de la fin de la pluridisciplinarité, de difficultés de coordinations entre directions (RTEF/RTS/RTPMI par ex), de la constitution d’équipes réduites, de procédures floues, de hiérarchies multiples, d’effectifs d’encadrement réduits et donc peu disponibles.
Notre épuisement grandi en même temps que les nouvelles contraintes qui s’imposent à nous au motif que nous aurions gagné du temps disponible grâce à la réorganisation !! (Exemple des permanences « astreintes » d’éducateurs). Affirmation totalement farfelue tant les conditions de travail dans cette nouvelle organisation nous en font perdre.
Les difficultés d’organisation entraînent une tension au travail insupportable en premier lieu pour les agents administratifs qui sont à la fois les interlocuteurs des publics et les nôtres. Ces agents se voient sur-sollicités sur des questions relatives à leurs missions mais aussi relatives à des questions en lien avec la réorganisation.
Les difficultés se compilent lorsque les locaux promis comme fonctionnels ne le sont pas et pèsent sur l’organisation du travail.
Formations :
Pour les équipes qui ont dû s’adapter à l’accompagnement d’un nouveau public (équipes ASI avec les personnes âgées par exemple), le plan de formation qui devait permettre d’appréhender la nouvelle organisation n’a absolument pas été suivi des promesses annoncées. Cela implique des auto-formations et apprentissages “sur le tas” qui viennent augmenter les charges de travail des professionnels. Cela se traduit par une formation bas de gamme et hétérogène selon les services.
Et ces “formations” s’effectuent parfois à perte lorsque les agents ne restent pas dans les équipes.
La mission de protection de l’enfance est en crise :
- Offre des places d’accueil familial et collectif totalement saturée
- Dégradation de l’accompagnement des familles d’accueil.
- Isolement des professionnels sur le terrain
- Les procédures concernant les missions (exemple : informations préoccupantes) sont encore mal connues ou en cours d’élaboration !
- Le conseil technique auprès des équipes Enfance n’est pas à la hauteur des besoins
- Les assistants familiaux accueillent les enfants confiés au-delà de leur capacité d’accueil (des centaines de dérogation en 2018).
Temps de travail :
Nous ne comptons plus nos heures. Lorsque nous les comptons, cela se fait au détriment de nos missions avec pour conséquence le sentiment du travail mal fait.
Nous débordons largement le cadre de nos missions pour compenser les points énoncés ci-dessus.
Nous subissons mois après mois l’humiliation de votre comptabilité horaire qui gomme nos heures réellement effectuées.
Lors de nos sollicitations répétées, vos services ont répondu en cherchant à éteindre les incendies ici et là.
Nos alertes se font au prix d’une usure et d’une fatigue tandis que nous continuons à pallier aux manques.
Nous avons pour point commun une incapacité à réaliser normalement nos missions.
Nous refusons d’assumer des responsabilités qui ne sont pas les notres !
Nous refusons de supporter les conséquences des choix d’organisations délétères !
Notre conscience professionnelle ne doit plus être votre variable d’ajustement !
Nous voulons servir notre mission de service publique de la meilleure manière qui soit !
Nous ne supportons plus d’absorber des charges de travail liées aux absents, de mettre en œuvre des procédures qui sont encore en cours d’écriture, de « former » nos nouveaux collègues, et d’effectuer des heures supplémentaires non reconnues.
Nous ne supportons plus l’augmentation de la charge de travail sous-évaluée par l’administration.
Nous demandons la mise en place des mesures suivantes avec effet rétroactif à novembre 2018 (lancement des MDS) et jusqu’aux conclusions de l’évaluation de la réorganisation :
- Une compensation financière par une indemnité départementale mensuelle pour chaque agent titulaire ou contractuel de la DGA-SD.
- La reconnaissance de toutes les heures réellement effectuées par tous les agents titulaires et contractuels. L’affichage desdites heures sur les comptes Chronos et la possibilité de les récupérer ou de les percevoir en heures supplémentaires (majoration légale dans les deux cas).
Ces demandes s’accompagnent des suivantes et revêtent la même importance :
- Création en urgence de 150 places d’accueil familial et 200 places d’accueil collectif.
- Création en urgence de 12 places d’accueil en pouponnière.
- Réévaluation des effectifs nécessaires (avec ajustement aux missions pour les équipes ayant subi les changements liés à la réorganisation : DEF, SDAF, SEM).
- Valorisation (notamment financière) des métiers pour lesquels des difficultés de recrutement sont apparues.
- Limitation ferme du nombre de mesures d’enfants confiés à 15 par référents.
- Effectifs et moyens à la hauteur des besoins des missions
- Stabilisation des équipes par un plan de maintien au long court des contractuels dans la perspective de leur titularisation